Frontaliers, rétablir la vérité

frontaliersJ'ai crû m'étrangler en lisant le 25 avril dans le RL, que la Secrétaire d'Etat à la Famille Nadine Morano (UMP), invitée de l'émission La Voix est Libre sur France 3, minimisait et balayait presque d'un revers de main le nombre de personnes concernées par le décret n°2008-1384 du 19 décembre 2008 dont elle est l'instigatrice et portant sur la modification des règles de calcul de l'Allocation différentielle (ADI).

Selon celle-ci, ce décret concernerait "1400 personnes". Connait-elle bien ses dossiers, les survole-t-elle ou est-ce de la provocation ?

En effet, en politique mais surtout en économie, il s'agit d'être précis !

Ce sont 1780 ménages, rien qu'en Moselle, qui vont, à compter de juin prochain et plus dramatiquement en janvier 2011, à l'issue de la seconde phase de ce décret, se retrouver dans des situations particulièrement difficiles, voire faire des choix de vie ou de qualité de vie. Et tout cela, en vertu d'une "mesure d'équité", selon elle, qui n'en a que le nom !

On ne peut que constater que Nadine Morano a préféré assister à une émission de télévision, plutôt que la reporter et assister, pour y répondre, à la manifestation organisée devant la Préfecture de Metz ce samedi 24 avril, et à laquelle de nombreux travailleurs frontaliers accompagnés de leus enfants ont pris part.

En tant que messine, frontalière depuis 16 ans, mère de 3 enfants, membre du Mouvement Démocrate, j'étais présente à cette manifestation, d'autant plus que je milite activement pour l'abrogation de ce décret depuis janvier dernier, aux côtés de Nathalie Griesbeck, Députée européenne du Grand-Est, Conseillère Générale de Moselle, qui est en constante relation avec la CAF de Moselle sur ce sujet important.

Nadine Morano a t-elle mesuré toutes les conséquences financières, morales, d'un tel décret ? Pour quels économies ? Quelle a été sa base de travail, a-t-elle rencontré les Ministres de la Famille luxembourgeois, allemand ? S'est-elle préoccupée des familles monoparentales ou des ménages dont un seul des parents travaille à l'étranger et l'autre est en recherche d'emploi ? A-t-elle étudié les conditions de travail des travailleurs frontaliers et leur temps de transport ? Sait-elle que, par exemple, à Luxembourg, les salariés sont à 40 heures de travail hebdomadaire et non pas 35 heures, comme en France ? A-t-elle, enfin, pensé à toutes ces assistantes maternelles agréées qui risquent de perdre leur emploi dans les mois à venir ?

Certains ménages n'auront pas les moyens financiers de prendre en charge les cotisations sociales liées a l'emploi d'une assistante maternelle ou d'une employée a domicile.

Travailler à l'étranger ne signifie pas forcément mieux gagner sa vie, ni le double d'un salaire français.

En outre, si Nadime Morano connaissait mieux son dossier, elle saurait que les travailleurs frontaliers travaillant, par exemple, à Luxembourg, ne peuvent pas prétendre aux "chèques garde d'enfants" qui ne sont destines qu'aux résidents luxembourgeois.

Ce décret va conduire inexorablement a une double injustice et a l'aggravation du travail au noir !

Pire !

On ne peut que constater une nouvelle fois que les travailleurs frontaliers sont pris entre le marteau et l'enclume et qu'ils semblent victimes des problèmes de communication, voire d'entente entre la France et les pays qui emploient cette main d'oeuvre française.
Ainsi, on vient d'apprendre qu'en ce qui concerne les frontaliers français travaillant à Luxembourg, la Ministre de la Famille luxembourgeoise Marie-Josée Jacobs n'a encore jamais rencontré la Secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano, comme celle-ci l'a rappelé devant la délégation de l'OGBL venue la rencontrer mardi 27 avril dernier.
Comment, dans ce cas précis, est-il possible de faire passer un décret et de ne pas trouver de solutions de remplacement pour les frontaliers qui vont se retrouver à payer les cotisations sociales liées à l'emploi d'une assistante maternelle ou d'une employée à domicile au centre Pajemploi à compter du 1er janvier 2011 ?
La méthode du "faire d'abord" et "parler ensuite" devient désormais une généralité. Espérons que cet "oubli" soit bien vite réparé....
Dans l'attente, il est prévu une rencontre entre Nathalie Griesbeck, Députée européenne du Grand-Est, Conseillère Générale de Moselle, Christine Singer, membre du Mouvement Démocrate (MoDem) en charge des questions transfrontalières et l'OGBL.

Singer-Chrisitine1.png

 

 

 

Christine SINGER

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :